Retour un brin nostalgique sur les débuts avec le R1. Premières galères et début d’un chantier de rénovation plein de surprises.
Sommaire
Nostalgie
Au moment où je commence la rédaction de cet article, la moto n’est plus dans mon garage depuis plusieurs mois déjà. Après quelques années à ne rouler que sur circuit j’ai eu la bonne surprise de voir tout mon bonus d’assurance moto remis à zéro. Autant dire que pour repasser sur route il fallu y aller doucement : un SV 650 injection pour aller à au boulot et en cours (j’étais encore alternant à ce moment), obligé de l’assurer en 34cv pour pas avoir un tarif démentiel, super.
Du coup … On s’ennuie vite.
En fouillant le bon coin un peu au hasard je tombe sur une annonce de R1 de 2000, Madame passe derrière au même moment et me dit « Elle est belle celle là ! ». Il en a pas fallu plus pour faire germer l’idée. Sans trop y croire j’appelle mon assurance pour avoir un devis, et ô surprise : moins cher que pour le SV, en 34cv je rappelle (!). On va pas épiloguer sur la logique des assureurs moto mais une chose est sûre : je vais acheter mon premier 1000cc et pas n’importe lequel, un R1 !
Je commence à chiner avec pour seul critère : elle doit être bleue. Ben oui, tant qu’à faire dans la nostalgie on va y aller à fond et on va la prendre de la même couleur que la première sportive que j’ai eue : une R125. Ma première « vraie » moto : premier permis, premières vraies balades, premier cale pied frotté, première pelle et premier (espérons dernier) trajet en ambulance. Pas que du bon donc, mais des sacrés souvenirs. A cette époque je me mettais à la photographie, j’en ai retrouvé quelques unes.
Une rencontre mouvementée
Revenons à nos affaires. Je finis par trouver mon bonheur du côté d’Orléans. Le temps de discuter des détails avec le vendeur et je me propulse à la gare avec mon casque sous le bras. En arrivant, pas de mauvaise surprise. L’essai se passe bien et la moto ne présente pas plus de défauts que ce qui était annoncé, à savoir qu’elle roule bien mais que quelques bricoles sont à revoir, notamment côté esthétique.
Je signe le chèque, je serre la jugulaire et je mets le contact : ça y est, j’ai mon R1 !
Oui, mais …
Les 15 premières minutes de route se passent sans encombre, la pluie arrive mais c’était prévu. Je prends mon mal en patience jusqu’à la prochaine aire d’autoroute pour pouvoir me changer. En baissant les yeux, tiens, le compteur fait des siennes et affiche n’importe quoi. Un contact qui prend l’eau ou un défaut de relais sûrement, dommage de pas l’avoir vu avant de payer mais y’à pas mort d’homme. L’aire d’autoroute est là, je m’arrête pour me changer et je repars aussitôt.
Enfin j’essaye.
Encore une fois…
Rien du tout.
Je savais que la moto n’avait pas tourné depuis quelques temps. Entre la nervosité de ramener un engin que je connais pas sous la pluie et l’agacement de la situation, sur le moment je pense simplement à la batterie. Je rappelle l’ancien proprio qui m’avait toujours semblé être de bonne foi, et qui là semblait profondément gêné. Il me rejoint sur l’aire 15 minutes plus tard, entre temps la moto redémarre à la poussette. On discute des solutions : soit je lui rends sa moto et je me prends un billet de train, soit je repars avec moyennant une bonne ristourne. Je choisis la deuxième solution.
Faux-départ
Je repars tous feux éteins pour économiser la batterie, en roulant je me refais la chronologie pour analyser les symptômes, ça ressemble quand même bien à une batterie vide mais elle aurait dû se recharger un peu en roulant. Quand je finis par arriver au péage le moteur commence à hoqueter : cette fois plus de doutes, c’est l’alternateur. Je passe le péage … à pieds. Une fois de l’autre côté impossible de démarrer en poussant, cette fois c’est à cause du sol détrempé et du zébra sur le bord de la route, l’arrière n’accroche pas au moment de lâcher l’embrayage.
Je repars après qu’un gendarme m’ait aidé à démarrer. Toujours tous feux éteints, sauf qu’à force de faire des pauses le soleil commence à disparaître. En arrivant en région parisienne il fait déjà nuit et je dois faire de la remontée de file sur la N118, autant dire qu’une olive bien placée j’en aurais fait trois litres d’huile. En me frayant un chemin à travers les bouchons le moteur hoquette de nouveau : juste le temps de me mettre sur la bande d’arrêt d’urgence et je m’arrête. Cette fois c’est sûr : elle ira pas plus loin !
Je commence à pousser pour rejoindre la prochaine sortie à 500m en pensant venir chercher la moto plus tard. Un Trafic de la police (oui, ça fait beaucoup de bleu(s) toute cette histoire) s’arrête à mon niveau et m’en empêche. Ils appellent un dépanneur et me laisse poireauter sous la pluie battante pendant trente minutes.
La diva a donc fini par rejoindre sa destination à l’arrière d’un camion plateau. Tu parles d’une première.
Des débuts difficiles
Le soir même je mets la batterie à charger et je refais des tests le lendemain, tout pointe vers l’alternateur. Je commande la pièce avec un régulateur, dans le doute. Le premier bricolage a donc été de changer ces pièces, en me rencardant sur des forums spécifiques j’ai vu plusieurs proprio à bout de nerfs car n’arrivant pas à démonter la cloche d’alternateur. On se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres mais je prends l’info quand même.
Et j’ai bien fait ! Au moins j’ai pu me consoler en me disant que je n’étais pas seul. Cette saleté de cloche a été im-po-ssible à faire bouger ! Elle est mise en position sur le vilebrequin par une liaison conique, et serrée par une vis en son centre. Il suffit de serrer un peu trop fort et, le temps et la chauffe aidant, elle finit par gripper. De quoi s’énerver un peu au local.
Deux extracteurs y ont laissé leurs plumes, j’ai dû investir dans une clé à choc spécialement pour ça, bref, un régal. A force de chauffer la cloche et de tirer dessus, elle a fini par venir et j’ai pu remettre au propre ce qui se cachait derrière. Au passage j’ai ajouté un voltmètre à proximité du compteur, ça évitera de devenir parano à la prochaine sortie.
Elle se mérite la bougresse.
Maintenant qu’elle est roulante (et après avoir fait sauter la bulle bleue), même traitement que toutes les précédentes : une journée de piste pour vérifier que tout est bon. Pour l’occasion je me mets sur mon 31 : une paire de sliders et de bottes neuves, qui vont pas le rester longtemps. La journée se déroule bien, je suis loin de mes chronos précédents mais je suis pas là pour ça. Les sensations sont bonnes même si j’appréhende un peu de tourner la poignée à fond en sortie de virage. Il faut dire que j’ai surtout l’habitude du GSR 600 sur piste, ses 98cv permettaient de taper dedans sans se sentir dépassé. Même si le R1 de 98 ne fait « que » 155cv, je préfère y aller prudemment.
Je rentre de ma première séance de l’après-midi et je me fais engueuler : les bottes toutes neuves qu’on venait de m’offrir sont déjà dégueulasses ! En fait juste la droite : une micro fuite du carter laisse couler de l’huile. Elle me l’avait pas fait sur route donc ça doit être à cause de la chauffe ou des hauts régimes, dans tous les cas c’est pas normal.
Avec les vibrations j’ai paumé un embout de guidon et la molette de réglage du PR19 que j’avais installé, que je retrouverai dans le sabot le lendemain. L’occasion de bloquer tout ça avec du fil à freiner.
En démontant je me rends compte que le carter d’embrayage a subi un choc au niveau du plan de joint, à proximité de la tige d’embrayage. Je dégote un carter d’occasion que je repeins, et c’est reparti.
Cette fois je me dis que ça y est, j’ai une bonne base et je peux passer aux détails cosmétiques (ce que j’avais déjà commencé à faire en remplaçant la visserie vieillissante et les clignotants). Pour le reste plusieurs choses sont à prévoir : la moto est de 98 mais la déco de 99 et ça me chiffonne, la peinture des jantes est bien attaquée, le passage de roue est pas terrible, etc … Y’à de quoi faire.
Enfin ça, c’était avant toutes les autres surprises.
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